The World of Banksy: l'illégalité artistique

---

Le monde entier connaît son nom pourtant personne n'a jamais vu son visage. Banksy entretient le mystère autour de sa personne mais ses œuvres sont l'illustration de sa personnalité, de ses convictions et de ses envies de changements. Icône du monde du street art, l'espace Lafayette-Drouot à Paris lui consacre une exposition immersive jusqu'au 29 Septembre 2019.

Histoire du street art

Tout d'abord, il s'agit de définir le terme "street art" aussi appelé "art urbain". Le street art est, comme son nom l'indique, un art développé sous une multitude de formes dans des endroits publics ou dans la rue. Parmi les techniques utilisées, on retrouve le graffiti, le pochoir, l'affiche ou encore la vidéo projection.

Si son véritable sens remonte aux métros de New-York dans les années 70 sous l'influence de la culture hip-hop, les murs ont toujours eu la parole. Des cavernes préhistoriques, aux caricatures de Pompéi en passant par les hiéroglyphes, les hommes ont utilisé leur environnement comme moyen d'expression. Cela démontre tout d'abord le caractère universel de cet art. A travers les époques, au-delà des frontières, sans aucune distinction de sexes, n'importe qui peut devenir un street artist et délivrer son message. Car voilà ce qu'est réellement le street art: une tribune. Les œuvres délivrent un message, racontent une histoire, retranscrivent un sentiment ou une émotion. Le plus souvent, les artistes sont des personnes qui refusent de se fondre dans la masse et qui choisissent ce mode d'action pour faire entendre leur envie de changement et leur révolte. Même si on parle aujourd'hui de mouvement artistique contemporain, les street artists ne sont pas associés à une forme d'art, à un mouvement ou à un groupe particulier.

Cependant, le street art entretient un statut ambigu. Pendant de nombreuses années, ces créations ont été considérées comme illégales et jugées comme un acte de vandalisme ayant pour unique but la dégradation sans valeur artistique. Certains pays et certaines villes possèdent de puissantes législations contre ce type d'art et l'auteur peut parfois se retrouver avec de lourdes contraventions, voire même des peines d'emprisonnement.

Aujourd'hui, il fait au contraire face à un engouement grandissant ce qui offre une contradiction entre la répression connue par les street artists et les récupérations de plus en plus fréquentes par les musées ou les marques désireuses de surfer sur la mode du graff.

Si les expositions, telle que "The World of Banksy", sont un moyen pour nous, amateurs d'art, de découvrir des créations réalisées à travers le monde entier, ces réalisations n'auront jamais autant d'impact que dans le lieu dans lequel elles ont été réalisées. Car l'emplacement n'est jamais choisi au hasard. Lorsque le street artist réalise son oeuvre, il cherche à susciter des réactions, à éveiller les consciences sur un moment précis lié à l'actualité. Or Banksy excelle dans l'art de provoquer.

Qui est Banksy?

Malgré le mystère qui entoure l'identité du maître des graffiti, certains éléments de sa vie semblent avoir été recueillis. Banksy serait né à Bristol, en Grande-Bretagne, autour de l’année 1974. Selon certaines sources, son vrai nom serait Robin ou Robert Banks. Ses premières œuvres apparaissent dans son lieu supposé de naissance vers 1993 mais très vite les murs du Royaume Uni, mais aussi de Paris, de Vienne, de San Francisco ou encore de Barcelone deviennent témoins de son art.

Toutefois, son style est inimitable et reconnaissable entre mille tant sa signature est singulière. Mélange d'ironie, d'irrévérence et de sensibilité, l'esthétique de ses réalisations et la profondeur de ses messages dénonçant certains faits de société, certaines situations politiques ou carrément, certaines décisions adoptées par les leaders mondiaux font de lui une légende de la rue.

Considéré comme un antimilitariste et anticapitaliste, Banksy tente de se tenir éloigné du système tout en contribuant, malgré lui, à son fonctionnement. En effet, depuis 2012, certaines de ses œuvres au pochoir réalisées sur les murs de Londres sont arrachées à leurs quartiers et vendues aux enchères. Mais cela n'arrête pas l'artiste. Le 5 octobre 2018, une toile attribuée à 1.2 million d'euros s'est soudainement autodétruite, grâce à un mécanisme caché dans le cadre, sous les yeux médusés du public. Le lendemain soir, le fauteur de troubles mettait en ligne une vidéo explicative accompagnée d’une citation attribuée à Picasso « quel plaisir que de détruire pour recommencer ».

Mon avis sur l'exposition

En un mot: vibrant ! Personnellement, je trouve que le street art possède deux fonctions. La première, celle de Banksy, est l'engagement. A travers ses créations, l'artiste cherche à dénoncer, à choquer, à bouleverser les spectateurs afin de leur faire prendre conscience de la réalité du monde. Celle-ci est plus ou moins répréhensible car elle s'attaque à des institutions voire des gouvernements. La seconde est purement esthétique et pourrait, à mon sens, participer à l'embellissement des villes. En effet, certains artistes ont déjà réalisé des fresques murales qui redonnent du peps et de la vie à certaines places. J'étais donc impatiente de visiter cette exposition et je n'ai pas été déçue.

Tout d'abord, je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant d’œuvres présentées. En effet, l'exposition est répartie sur deux étages et présente plus de 100 réalisations. Parmi mes favorites:

1. Christ with shopping bags/Sale ends today

Grâce à ces deux œuvres, Banksy a parfaitement su démontré la place du consumérisme dans notre société qui lui accorde une valeur quasi sacrée. La représentation du Christ peut paraître choquante mais il s'agit exactement de la réaction recherchée par l'artiste. Ici, son but est d'alerter sur notre propension à acheter et cette volonté est d'autant plus actuelle que le fast fashion est de plus en plus critiqué tandis que l'engouement autour du troc ou de la revente de vêtements et d'objets n'arrête pas d'augmenter.

2. Mobile Lovers

Cette réalisation m'a énormément interpellée car malheureusement elle est profondément réelle. Aujourd'hui, les réseaux sociaux et le monde virtuel prennent le dessus sur les relations de "face à face" et altèrent la communication. Le nom de l'oeuvre s'accorde parfaitement avec l'image car les deux individus semblent être plus attachés à leur téléphone que l'un à l'autre. Banky sait comment illustrer les vices de notre temps et c'est pour cette raison que son art est si percutant.

3. Kids on guns

Sur cette image, on retrouve l'emblématique ballon déjà présent sur la célèbre oeuvre "The Girl with the Balloon". Si cette dernière était aussi présentée lors de l'exposition, "Kids on guns" a été un de mes coups de cœur car je la trouve plus profonde et plus symbolique. Elle démontre que les enfants sont les innocents témoins et victimes des cruautés de ce monde. Pourtant ce fameux ballon rouge semble être un symbole d'espoir pour l'humanité.

En bref, j'ai été totalement conquise par cet artiste et par son engagement dans le monde. Cependant, même si je recommande totalement cette exposition, je tiens à noter un point négatif. La plupart des œuvres sont accompagnées d'explications mais j'ai parfois trouvé celles-ci complètement absurdes ou en total décalage avec mon interprétation personnelle. Je vous conseille donc de ne pas vous y fiez et d'avoir votre propre opinion sur chaque réalisation afin d'en profiter au maximum.

Léa ;)