Fridays for Future: la jeunesse enflammée
- lea
- 23 mars 2019
- 6 min de lecture
«Et un et deux et trois degrés, c’est un crime contre l’humanité» et «on est plus chaud que le climat» sont quelques-uns des slogans que j’ai pu scander en chœur avec les nombreux jeunes - 29 000 selon la police, 40 000 selon l’organisateur - venus manifester dans les rues de Paris le vendredi 15 mars à l’occasion de la grève étudiante pour le climat.

Après mon article sur Greta Thunberg (que vous pouvez retrouver juste ici: https://leaduvalolivier.wixsite.com/thegraziela/accueil/save-the-planet-with-greta-thunberg), j’ai continué à m’intéresser au mouvement. Je ressentais de plus en plus le besoin d’agir et de faire, moi aussi, entendre ma voix. Ce mouvement a réveillé l’âme de révolutionnaire qui sommeillait en moi et qui, j’en suis certaine, sommeille en chacun de nous. Ces émotions ont été multipliées par mille lorsque je me suis retrouvée au milieu de la foule, entourée de mes amies et d’une foule d’inconnus qui, ce jour-là, possédaient le même combat que moi. Je n’avais jamais ressenti ce sentiment, c’était la première fois que je participais à une manifestation, mais cette impression d’unité m’a bouleversée tout au long de la marche.
À peine arrivée dans la capitale, qu’on entend la ferveur monter, on croise des groupes de jeunes ultra-motivés avec de la peinture sur le visage et des pancartes toutes plus créatives les unes que les autres. Le dress-code ? Vert bien entendu. On se rejoint tous au Panthéon et déjà, on sent que cette manifestation va être historique. Des caméras, des jeunes sur les arrêts de bus qui motivent la foule, des slogans rapidement appris et nous nous mettons en marche direction les Invalides. La bonne ambiance est présente tout au long du trajet mais au fond de nous, cette même rage face à l’inaction climatique.
(Alors que l'acte XVIII des Gilets jaunes a été marqué par un regain de violence, notamment le saccage des Champs-Elysées, je tiens à souligner que la grève étudiante pour le climat s'est déroulé sans aucun débordement. La jeunesse est souvent pointée du doigt et accusée à tort d'agir sans penser aux conséquences. Ce vendredi 15 mars 2019, nous avons prouvé au monde entier que nous étions capable de prendre les choses en mains pour nous assurer un meilleur avenir.)
Greta Thunberg peut être fière, son appel a été entendu. Mais nous, serons-nous entendus ? Là réside la principale question. Ces manifestations qui tendent à perdurer vont-elles avoir un réel impact ? Nos dirigeants vont-ils enfin prendre des mesures concrètes alors que des débats sur le climat devaient être organisés dans tous les lycées de France entre 16 heures et 18 heures d'après la volonté du ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer ? Considérés comme "une belle opération de communication et surtout de récupération" par les enseignants et "une tentative pour nous ensommeiller" par les étudiants, cette annonce n'a pas empêcher les collégiens, lycéens et étudiants de se rassembler. Surtout que celle-ci a été faite une semaine avant le grand rassemblement. D'après un sondage réalisé par Digischool auprès de 600 lycéens et mis en ligne le 14 mars, seulement 24% d'entre eux affirmaient que leur lycée allait mettre en place ce projet. J'ai souhaité vérifier cette information en posant la question à des élèves issus de différents lycées et peu en avait entendus parler alors que, toujours d'après l'enquête, 84,2% des personnes interrogées étaient au courant de la marche organisée. Pas de débats, pas de moyens de s'exprimer, la seule solution était alors de manifester.
Dans mon lycée, certains jeunes motivés ont décidé de lancer un projet associatif nommé Idealy.C dans le but de sensibiliser à l'écologie. J'ai eu l'opportunité d’interviewer Yann, un des fondateurs de ce projet.
Quel est l'objectif de Idealy.C ?
"Ce projet s'établit sur la gestion de deux crises. La première est environnementale. Sans rappeler le constat aussi effrayant qu'effarant, nous savons qu'il est primordial de sortir de l'urgence climatique que nous traversons. Premièrement, Idealy.C a pour but de contribuer directement aux changements nécessaires pour notre avenir. Cela repose sur l'installation, au sein du lycée, d'un système éco-citoyen par la mise en place d'actions concrètes écologiques, notamment à travers des partenariats. Puis, sur une conscientisation, une révision des savoirs et des connaissances transmises, pour aboutir à une éducation plus fondamentale. La seconde crise est existentielle. Par réalisme pessimiste, nous avons tous perdu nos rêves d'enfant, nos illusions, nos espoirs, notre idéal lorsque nous avons été confrontés au monde réel imposé par la société. Notre éducation nous formate et réajuste, retouche nos ambitions. Dans un monde compétitif, nous optons finalement pour un idéal égoïste selon lequel notre "réussite" personnelle se fait au détriment de notre voisin. Ainsi, l'objectif d'Idealy.C est de laisser au monde le temps de trouver ses objectifs tout en prenant du recul par rapport à nos fondements pour comprendre les démarches écologiques menées par l'association. Agir c'est bien, mais agir en sachant pourquoi c'est mieux !"
Pourquoi as-tu eu envie de lancer ce projet?
"Par simple cohérence avec mon idéal, l'envie d'un changement sans rester passif. Ayant rapidement été averti de l'enjeu climatique, j'ai construit un idéal qui peut se résumer en deux questions. Que faire ? Comment le faire ?
Tout d'abord, j'ai pensé que pour qu'il y ait un impact, il aurait fallu des décisions nationales et donc une influence au niveau politique. Mais en m'intéressant à l'évolution de la COP21, à la démission de Nicolas Hulot, à l'activité générale des personnes au pouvoir et aux rouages de la politique, j'ai préféré chercher une alternative. "Lorsqu’un seul homme rêve, ce n’est qu’un rêve. Mais si beaucoup d’hommes rêvent ensemble, c’est le début d’une nouvelle réalité." (F.Hundertwasser). En croyant à l'effet boule de neige, je me suis alors dit que si nous faisions de notre lycée, un lycée idéal, d'autres suivraient l'idée et adopteraient des mesures pour l'améliorer. La diffusion du projet semble être une suite logique. Ainsi, je fais des choix qui vont dans le sens d'un changement en accord avec mon idéal plutôt que de me résigner."
Penses-tu que les marches puissent avoir un réel impact avec des mesures concrètes prises ?
Yann a aussi participé à la marche pour le climat du 15 mars mais il n'a pas forcément l'intention d'y retourner. "Les manifestations sont un moyen de montrer le désaccord des jeunes contre les décisions politiques prises concernant le climat ainsi que leur volonté de changement mais on ne peut pas savoir si nous serons écoutés. Personnellement, je privilégie les actions concrètes telles que les clean walks afin d'avoir un impact à mon échelle. Si ce geste est suivi, alors cet impact peut s'étendre et devenir un modèle de comportement pour tous les jeunes."
Quelques conseils/exemples d'actions à réaliser au quotidien ?
"Un des conseils que je peux donner est de suivre des comptes Instagram qui ont été créés uniquement dans ce but d'information tels que:
@greenmatters
@tozerowasteliving
@reducewastenow
@onestpret
Cela donne quelques idées d'actions et permet d'avoir un rappel quotidien."
De plus, une des questions posées aux lycéens qui ont participé au sondage Digischool est "Quelles sont les bonnes pratiques à adopter selon vous?". Voici certaines de leurs réponses: • Donner ce que tu ne souhaites plus garder, afin que tes objets/habits aient une nouvelle vie • Utiliser des cotons réutilisables pour te démaquiller ou diviser le coton en quatre • Garder les feuilles avec une impression ratée de l’imprimante pour en faire ses brouillons au lieu de les jeter • Sensibiliser tes contacts sur les réseaux sociaux en partageant des posts et des articles sur l’environnement • Fabriquer tes propres produit d'entretien et de cosmétiques avec des ingrédients bios • Prendre les transports en commun ou ton vélo • Trier et supprimer tes mails, qui consomment beaucoup d'énergie
• Réduire ta consommation de viande (plusieurs lycéens interrogés se déclarent végétariens ou vegans)
Yann est aussi membre de l'association "Génération d'Avenir", un Think-Tank créé par des étudiants qui a vocation de recentrer l’action publique autour de la jeunesse. Je vous invite fortement à aller consulter le site internet https://generationdavenir.fr afin d'en savoir plus.
Concernant ses projets d'avenir, Yann se concentre, pour le moment, sur le développement de Idealy.C mais espère aussi continuer à faire porter sa voix à travers "Génération d'Avenir".
Les pancartes les plus originales de la manifestation:





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Léa ;)
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