Dur dur d'être une femme...
- lea
- 26 août 2020
- 3 min de lecture

Dans l'actualité: il y a quelques jours, deux gendarmes ont demandé à des femmes faisant du topless sur une plage de Sainte-Marie-la-Mer de se rhabiller. La raison de leur intervention ? La plainte d'une famille dont les enfants auraient été choqués à la vue de seins nus.
Face à cette demande, deux problèmes se posent:
Déjà, d'un point de vue juridique, rien n'empêchait ces femmes de bronzer seins nus sur la plage. En effet, l'article 222-32 du code pénal qui indique que "l'exhibition sexuelle imposée à la vue d'autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende" signifie seulement, comme l'a précisé Caroline De Haas, membre du collectif féministe Nous Toutes, "ne pas montrer son sexe en public". Et même si certains maires peuvent aller plus loin dans les restrictions, comme c'est le cas pour Paris-Plages dont le règlement interdit le port des strings et du monokini, ce n'était pas le cas à Sainte-Marie-la-Mer. En conclusion: ces femmes étaient parfaitement dans leur droit !
Mais ce premier souci en amène un autre car rien ne ce serait déroulé ainsi sans la plainte à l'origine de cette intervention. Et malheureusement, ce dernier semble plus difficile à résoudre car il résulte d'un problème de mentalité et d'un fait qui nuit depuis des siècles à la gente féminine: la sexualisation du corps des femmes. Ces enfants n'auraient pas dû être choqués face à une poitrine dénudée mais certains aspects de la société ne semblent pas avoir tant évolués que ça depuis la célèbre réplique de Molière "Couvrez ce sein que je ne saurais voir" (qui date déjà de presque quatre siècles).
C'est d'ailleurs ce que cherche à montrer les photographies d'Angèle Basikbousouk qui dénoncent le double-standard sur les tétons féminins et masculins:

Son travail démontre parfaitement les différences de traitements selon qu'il s'agisse d'une personne de genre masculin ou féminin. Ce standard est d'ailleurs tellement ancré dans nos têtes que même entre filles, alors que nous devrions plutôt lutter toutes ensemble contre ces stéréotypes, nous sommes capables de nous rabaisser (parfois de manières beaucoup plus virulentes que les hommes).
Avoir la possibilité de bronzer topless est une manière pour les femmes de se réapproprier un corps qui a trop longtemps été soumis au contrôle des hommes et de la société. Qu'on choisisse de bronzer seins nus ou non est une autre histoire, chaque femme étant libre (justement c'est le principe) de faire prendre ces propres décisions.
Toutefois, l'indignation provoquée par cette intervention et les nombreux messages de soutien postés sur les réseaux sociaux prouvent que même si le chemin vers la libération du corps de la femme reste semé d'obstacles, l'objectif n'est pas inaccessible.

Un autre exemple de ces obstacles s'est d'ailleurs dressé sur la route de d'Annaëlle Guimbi, candidate à l'élection de Miss Guadeloupe 2020, qui a été disqualifiée du concours pour avoir posée seins nus. Si d'après le règlement, une candidate qui a déjà posé dénudée ne peut pas participer au concours, le cas de la jeune fille de 20 ans est particulier car les photos ont été réalisées dans le cadre d'une campagne de sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein. Même si Sylvie Tellier, la présidente du comité Miss France, a elle-même reconnu que les clichés n'avaient rien d'obscène ou de vulgaire, elle a aussi ajouté que personne ne pouvait déroger à la règle. Mais dans ce cas-là et en considérant la société dans laquelle nous vivons et l'image que les candidates à l'élection de Miss France sont censées renvoyer, je me permets de demander: ne faudrait-il pas justement changer la règle ? Une femme qui soutient une cause aussi noble que la lutte contre le cancer du sein ne devrait pas avoir à s'en cacher et surtout, le corps de la femme ne devrait pas, encore une fois, être une barrière dans la poursuite de ses objectifs. Malgré sa déception, Annaëlle ne regrette absolument pas sa participation à la campagne et espère que sa mésaventure permettra de faire bouger les choses. Je l'espère et je pense que vous l'espérez aussi.
Léa ;)
Commentaires